lundi 19 mai 2014

« La famille royale » (estampe, 1816)

Historique et datation
Cette estampe anonyme est datée de 1816, soit la deuxième année de la Seconde Restauration (1815-1830). Publiée chez l'éditeur parisien Gautier (quai des augustins), elle fait partie de l'importante collection du baron Carl de Vinck, léguée à la Bibliothèque Nationale de France.

Description et analyse
Elle met en scène, de gauche à droite : Monsieur, le comte d'Artois ; le roi de France Louis XVIII ; Marie-Caroline, duchesse de Berry (épouse du duc de Berry) ; Marie-Thérèse, duchesse d'Angoulême (épouse du duc d'Angoulême et fille de Louis XVI), le duc d'Angoulême (premier fils du comte d'Artois) et le duc de Berry (second fils du comte d'Artois).

Cette estampe de 1816 est l'une des nombreuses représentations de la famille royale des débuts de la Restauration. Récemment revenue au pouvoir après la chute de Napoléon Ier, grâce aux manœuvres politiques de Talleyrand et à la bonne volonté des souverains européens désireux de paix, elle doit rappeler à la population qu'elle doit surtout son retour à la légitimité de son nom. Elle veut montrer l'image d'une famille heureuse, fière, qui impose une autorité (l'imposante assise de Louis XVIII) légitimée (le buste d'Henri IV).

Plus encore, l'idée principale est ici la continuité. Avec le comte d'Artois d'abord, Monsieur frère du roi (depuis la mort de Louis XVII en 1795) et appelé à régner à la mort de Louis XVIII sans descendance. Le futur Charles X est accompagné de ses deux fils, eux même représentants de la succession dynastique. La duchesse d'Angoulême, si ce n'est pas notifié dans la légende, est la fille de Louis XVI et rappelle par sa présence le douloureux souvenir du roi martyr.

Enfin, l'estampe montre par le détail - non anodin - la volonté politique de la famille royale de se légitimer par l'Histoire. Le buste d'Henri IV, souverain revisité et mythifié sous la Restauration, apparaît comme la « figure tutélaire de la royauté bourbonienne¹ », présente dans toutes les manifestations d'ampleur de la famille royale. Les années qui succèdent à l'empire réinventent le siècle du « bon roi Henri » en idéalisant un règne d'union et de bonheur nationaux que retrouveraient, après la période révolutionnaire, ses descendants directs. Cette image prosélytique et idéalisée du fondateur de la dynastie a perduré jusqu'à nos jours.

Accessibilité
Elle est aujourd'hui disponible en consultation à la Bibliothèque Nationale de France (à Paris, 75013) et en ligne sur son site internet.

Images







Sources - Bibliographie - Internet
. Corinne et Eric Perrin-Saminadayar (dir.), Imaginaire et représentations des entrées royales au XIXe siècle : une sémiologie du pouvoir politique, Saint-Etienne, PUSE, 2006.
. Estampe La Famille Royale sur le site de la BNF.

Références
¹ Perrin-Saminadayar 2006, p. 20.

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